dimanche 27 juin 2010

Le café Cherrier à Montréal



J'ai récemment testé une adresse fort sympathique à Montréal, dans la lignée de L'Express: un bistrot français typique, qui ne se prend pas pour ce qu'il n'est pas. Vous y trouverez donc de la bonne cuisine, sans prétention, dans une atmosphère qui n'est pas sans rappeler celle de ses confrères parisiens: comptoir imposant, menu affiché sur de grandes ardoises, c'est bien simple tout y est! 

La très bonne carte des vins permet d'accompagner tous les mets proposés. Ceux-ci sont majoritairement d'inspiration française, à l'exception de quelques plats d'inspiration cuisine du monde. Personnellement, lors de ma visite j'ai pu apprécier un délicieux boudin noir aux pommes en entrée, suivi d'une escalope de veau enroulée autour de lard, le tout frit et accompagné d'un petit "gratin dauphinois" et de courgettes/tomates façon tian. Les autres convives ont pu apprécier un tartare de saumon, des crevettes épicées, un duo de ravioles ainsi qu'un rôti de boeuf maison à tomber par terre.

Comptez environ 20 à 30$ par personne le soir pour une entrée et un plat, ce qui en fait une adresse abordable sur Montréal. Je vous recommande donc vivement d'aller essayer ce charmant bistrot en espérant que votre expérience soit aussi agréable que la mienne!







De Montréal à Paris, ou comment manger bien, rapidement et pour pas cher…

Je vous avais déjà parlé de l’initiative de Colette qui proposait une lunchbox healthy pour les snackeurs trendy. En référence à mon post précédent, je vous propose une sélection personnelle (et non exhaustive) des meilleures adresses pour se restaurer de façon saine, pour un prix modéré entre midi et deux.

A Montréal :

MBco : MBco est une chaîne de boulangeries/traiteurs qui est en train de prendre d’assaut la planète entière. L’enseigne fondée à Montréal rencontre un franc succès en se plaçant sur le segment de la sandwicherie haut de gamme. Sont autant de sandwichs disponibles en ces lieux pour rassasier les travailleurs pressés entre midi et deux. L’enseigne propose en sus diverses salades, ainsi que les traditionnelles viennoiseries. Mon avis : le design ainsi que l’atmosphère générale de ces lieux sont une véritable réussite. Si l’on ajoute le fait que les sandwichs sont délicieux et disponibles à des prix raisonnables (comptez 6 à 8$ pour un sandwich), alors vous comprendrez les raisons de leur succès.

Le Comptoir du Chef : Cette enseigne montréalaise diffère quelque peu de ses camarades dans la gamme de produits proposés. En plus des traditionnels sandwichs gourmets et salades du chef, on peut y retrouver des plats préparés qui n’ont plus qu’à être réchauffés aux micro-ondes. Poulet au curry, bœuf thai avec ses légumes croquants, blanquette de veau ou rotinis gratinés sont autant de plats disponibles pour moins de 10$. Mon avis : la possibilité de manger de savoureux plats chauds à midi, prêt en 2 minutes et pour 10$ environ procure un avantage concurrentiel indéniable.

A Paris :

Cojean : C’est l’histoire folle d’un ancien salarié de chez McDo qui décide un jour de se lancer dans la restauration rapide saine et gourmet. 9 ans et 16 enseignes plus tard, on ne peut que constater le succès qu’a connu Cojean sur la scène parisienne. En créant une véritable expérience de dégustation grâce à des lieux très design, un personnel irréprochable et surtout de très bons produits, l’enseigne bénéficie aujourd’hui d’un capital de marque important. Au menu : sandwichs, salades, et desserts en tous genres, rien de bien original me direz-vous. La raison du succès tient au fait que ces produits sont encore faits à la main, dans la cuisine centrale de l’enseigne, à partir de matières premières fraîches du matin même. Mon avis : la référence à Paris pour bien manger le midi : menus variés, produits vraiment gourmets, le tout pour un prix avoisinant 10-12 € !

Lina’s : en vingt ans, la marque crée par Lina Ghosn a su conquérir la planète entière avec l’ouverture d’une centaine d’établissements à travers le monde. Récemment, la marque a décidé de se moderniser en proposant de nouveaux concepts à ses clients. En termes d’innovations on peut citer le service sur-mesure qui permet de créer son sandwich, à la manière de ce qui peut se faire chez Subway, ou encore le service de commande en ligne et de livraison pour éviter de faire la queue le midi. Mon avis : des produits savoureux, faits à base de nombreux ingrédients bios, font de Lina’s l’un des acteurs majeurs majeur de la restauration gourmet. A essayer de toute urgence donc !


Bert’s : last but not least, Bert’s, né de l’imagination d’Olivier Bertrand en 2002. Depuis son franchisage en 2004, la marque est de plus en plus présente sur la scène parisienne. Leurs sandwichs toastés, clubs ou wraps faits à partir de pains biologiques ne manquent pas de cachet et ont su conquérir les estomacs des gens de la capitale. La marque se veut résolument haut de gamme, avec un design sobre au service d’une ambiance plus feutrée. Rien à voir donc avec les concept-stores de Cojean. Mon avis : avec une ambiance résolument tournée vers celle de classe affaire, l’enseigne propose une gamme de produits classique mais variée, pour des prix plus que raisonnables. Je vous conseille donc d’aller y faire un tour !

samedi 26 juin 2010

« Le prix du fast food ? »

J’ai récemment visionné un documentaire d’Envoyé Spécial sur l’industrie de la restauration rapide. J’ai été interpellé par une des questions que pose cette enquête (que je vous conseille par ailleurs vivement de visionner): doit-on forcément payer cher pour bien manger ? Dans une société française sans toujours plus pressée- en vingt ans la pause déjeuner des français a été divisée par 3 atteindre 31 minutes- les consommateurs  sont sans cesse à la recherche des solutions les plus rapides et donc économiques pour se restaurer. Pourquoi ce donc ? Parce que le temps c’est de l’argent : entre un sandwich qui a pris 5 minutes chrono à préparer et une blanquette de bœuf qui a mijotée pendant deux heures, le consommateur est forcément plus enclin à payer plus pour la blanquette que pour le sandwich. Voilà je vais en rester là avec mon explication, je ne vais quand même pas rentrer dans des considérations microéconomiques.

Revenons donc à nos moutons : lorsque l’on regarde le documentaire susmentionné, on ne peut que constater que les restaurateurs rapides traditionnels (fast-foods américains, kébabs, pizzérias…) sacrifient la qualité de leurs produits au profit des bénéfices et non du prix. Certes, le consommateur croit faire une bonne affaire en payant son repas moins de 10 euros : mais lorsqu’on analyse la valeur nutritionnelle de ces produits, les résultats sont édifiants. Véritables bombes calorifiques, les produits proposés sont de piètre qualité, celle-ci étant masquée par l’ajout de nombreux additifs (sucre, graisses animales, édulcorants…). Ces restaurateurs peuvent ainsi maintenir leurs marges dans un contexte de bas prix grâce à des coûts de production faibles.

Je pense donc que les consommateurs n’agissent pas forcément en agents rationnels lorsqu’ils basent leur décision d’achat sur le critère du prix. A l’heure actuelle, les consommateurs devraient mieux se poser la question du rapport qualité-prix. Dès lors notre question initiale ne fait plus aucun sens : il est évident que pour manger mieux, il faut payer plus. Cependant, cela ne veut pas dire que le rapport qualité-prix sera inférieur à celui proposé par les enseignes de restauration rapide, au contraire. Il y a fort à parier que les qualités gustatives et nutritionnelles de plats de meilleure qualité font plus que compenser le surcoût éventuel : en tout cas c’est le pari que font tous les jours un certain nombre d’entrepreneurs prêts à défendre une certaine conception de l’art de se nourrir et dont je vous propose un bref tour d’horizon dans mon prochain post.

lundi 14 juin 2010

Distributeur de tendances..



Peut-être ne l'avez-vous pas remarqué, mais ces derniers temps un nouveau concept semble faire fureur aux quatre coins du monde. Il ne s'agit pas d'un produit mais d'un mode de distribution innovant, j'ai nommé "le distributeur". Au départ utilisé pour la distribution de sodas et de snack food, leur utilisation est depuis peu déclinée pour la distribution de produits plus ou moins farfelus. Véritable buzz sur internet depuis quelques mois, je vous propose un tour d'horizon de ce qui se fait de mieux en la matière:

1). Les plus luxueux:
 - Le distributeur de lingots d'or à Abou Dhabi (par Web&Luxe).
 - Le distributeur de caviar à Moscou (par Web&Luxe).
 - Le distributeur de produits de luxe à Los Angeles (par Springwise).
 - Le distributeur de parfums Sephora à Paris (par Springwise).

2). Les "textiles":
 - Le distributeur de ballerines Rollasole au Royaume-Uni (par Web&Luxe).
 - Le distributeur de sneakers Onitsuka Tigers à Londres (par Springwise).
 - Le distributeur de maillots de bain à Los Angeles (par Springwise).

3. Les "grand public":
 - Le distributeur de nourriture healthy en Espagne (par Springwise).
 - Le distributeur de viande en Espagne (par Springwise).

Qu'ils soient farfelus ou plus ou moins pratiques, ces concepts ne demeurent pas moins de véritables innovations en matière de distribution: dans un contexte de dématérialisation de l'économie et de déshumanisation des échanges, l'échange des distributeurs constitue bel et bien une nouvelle étape. Reste à savoir si le soufflet réussira à prendre définitivement, en attendant je vous invite à réfléchir à d'autres concepts qui pourraient connaître un franc succès (je suis ouvert à toutes suggestions ^^).

Le design selon Sebastian Bergne...


"Design: discipline visant à représenter concrètement une pensée, un concept ou une intention en tenant éventuellement compte d'une un plusieurs contraintes fonctionnelles, structurelles, esthétiques, didactiques, symboliques, techniques et productives." Derrière le mot design se cache donc l'imaginaire d'une personne, qui, selon les ressources mises à sa disposition, tente de lui donner vie. 

Lorsque l'imaginaire fou d'un designer talentueux rencontre l'univers du vin, cela donne donc un résultat que l'on n'est pas prêt d'oublier. Fort de ses séjours en Italie, Sebastian Bergne, jeune designer basé à Londres, a décidé de lancer une ligne de produits autour de l'univers du vin. Révélé au grand public par l'émission Mixeur de TV5 Québec (que je vous conseille vivement de regarder), ses créations allient esthétisme, fonctionnalité et surtout unicité.

Pour un bref aperçu de ses créations, je vous propose cette interview réalisée par la chaîne québécoise. Enjoy! 

mardi 8 juin 2010

L'art de la dégustation en kit (suite)

                         

Le mois dernier je vous parlais de Brixr, une startup américaine qui se proposait de révolutionner l'art de la dégustation pour particuliers en proposant des vins sélectionnés par un comité d'experts sous le format d'éprouvettes (voir article pour plus d'informations).
Preuve que le concept est en train de prendre, je vous propose aujourd'hui de découvrir Wineside, une jeune entreprise française qui propose un service similaire, mais à une clientèle très différente: les professionnels de la gastronomie et de la restauration. Quel intérêt ces professionnels trouvent-ils à cette offre? Les restaurateurs proposent souvent dans leurs cartes des vins au verre: or, l'un des inconvénients majeurs de cette formule est qu'une fois que la bouteille est ouverte, celle-ci se conserve mal et la qualité du vin s'en trouve altérée. Il n'est ainsi pas rare de devoir retirer certaines bouteilles entamées lorsque celles-ci sont ouvertes depuis quelque temps, ce qui représente un coût financier. En proposant des vins issus des meilleures AOC, Wineside offre la possibilité aux restaurateurs de proposer des vins au verre à leurs clients de la manière la plus simple et efficace qu'il soit: dans un format déjà adapté (6cl à 10 cl).
La technologie WIT France utilisée par la compagnie assure une très bonne conservation du vin et assure donc aux restaurateurs une qualité constante.  On peut se douter que les traiteurs seraient aussi très friands de ces produits, et je pense que l'on devrait voir ces éprouvettes débarquer rapidement dans notre quotidien dans les mois qui viennent, puisque la compagnie propose aussi des coffrets cadeaux pour entreprises et particuliers. 
Une initiative très intéressante en somme, selon moi plus aboutie que celle de Brixr (non je ne suis pas chauvin), que je vous conseille donc chaudement d'essayer!

jeudi 3 juin 2010

In Vino Veritas



En tant qu'étudiant d'école de commerce notamment passionné par l'univers des spiritueux, j'ai lancé il y a quelques mois le premier club d'oenologie de notre école. Voici le powerpoint utilisé lors de notre soirée dégustation de vins californiens. The credits go to you Dani!

De la désacralisation du sang du christ...


vs

On le sait, depuis quelque années déjà, deux conceptions antagonistes du vin s'affrontent au niveau mondial: in the blue corner, une conception assez élitiste prônée par la France et in the red corner, une conception très populaire prônée par les pays du nouveau monde (Australie, Nouvelle-Zélande...).

Dans les faits cela se traduit par la production de vins dits "prêt-à-boire" très abordables par les nouveaux pays producteurs qui misent sur des produits simples (souvent des mono-cépages) afin de démocratiser leur consommation. Les vins étant moins complexes, les codes de la dégustation en sont aussi chamboulés et on assiste donc à une vulgarisation du jargon oenologique pour que même un novice puisse savoir comment déguster un vin. Pour ce qui est de la France, tant au niveau de l'identification des produits que de leur assemblage, les vins atteignent un niveau de complexité inégalé: il faut être un fin connaisseur pour pouvoir faire la différence entre les châteaux de la Côte de Beaune et de la Haute Côte de Beaune par exemple. L'art de la dégustation du vin, à la manière de la cérémonie du thé au Japon, demeure très codée et complexe.

Jusqu'à présent, les chiffres donnent raison aux vins du nouveau monde qui, depuis quelques années, rognent des parts de marché aux vins français sur la scène internationale.  En ce qui me concerne, je ne pense pas que l'on devrait opposer ces deux perceptions de ce que devrait être le vin: en effet, derrière ces deux conceptions se cache un même amour pour le produit, il s'exprime seulement différemment. Pour avoir des chances de séduire plus de consommateurs à l'international, le vin français ne doit pas forcément simplifier son élaboration, mais bien son discours. Je dois ici lancer une fleur aux québécois qui ont amorcé ce processus de réflexion: je vous passe les détails quant aux raisons derrière cela, celles-ci étant intimement liées au monopole d'état sur la distribution d'alcool. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui les consommateurs québécois consomment majoritairement du vin français, loin devant les vins australiens par exemple: mais ils ont adopté une position différente en changeant leur attitude face au vin. Ainsi, un grand vin français sera dégusté de la même manière qu'un vin "prêt-à-boire", dans ce soucis de plaisir et non de narcissisme/snobisme.

Afin de rendre ce discours un peu plus concret, je vous conseille d'aller voir deux blogs fait par des québécois que j'affectionne tout particulièrement:

- le premier, Bu sur le web, par Aurélia Fillion, sommelière au Club Chasse et pêche à Montréal. Un blog hyper rafraîchissant avec un super concept ou cette blogueuse présente ses vins coup de coeur sous forme de dégustations vidéos. On sent la passion pour le vin qui anime cette femme et on aime le discours simple et juste employé pour décrire les produits (et bien sûr les vins sélectionnés, de bonnes valeurs sûres!)

-le deuxième, Drink Culture TV, se propose de mettre directement en relation le monde viticole et les consommateurs par l'intermédiaire d'émissions web. Là aussi le dialogue technique est laissé de côté au profit d'un langage simple certes, mais empli d'authenticité. Cette jeune webtv a tout pour réussir et on lui souhaite le meilleur!

mardi 1 juin 2010

Ma première review!!




Suite à mon article sur les bistrots, je me devais d'aller moi aussi me ressourcer dans un de ces lieux magiques. Bien que n'habitant pas actuellement en France, j'ai la chance de pouvoir compter dans mon pays d'adoption sur de nombreux bars et restaurants dignes de ce nom. 

J'ai donc choisi d'aller essayer ce fameux petit bistrot appelé L'Express qui se trouve au 3927 rue Saint-Denis à Montréal, en plein coeur du quartier du plateau. Au premier abord, la façade extérieure ne laisse pas présager d'un bistrot traditionnel: noir et blanc se mêlent pour former un damier atypique ainsi que le nom de l'endroit, présenté de façon originale comme vous pouvez le voir.

Heureusement lorsque l'on rentre à l'intérieur on se retrouve dans l'ambiance d'un bistrot traditionnel. C'est simple tout y est: le long comptoir en acier où l'on peut s'accouder pour consommer au bar ou manger, les petites tables carrés avec leur nappes en papiers, les grands miroirs façon brasserie et  les couleurs de la salle qui rappellent celle d'un café de gare parisien. Une fois installés, on peut apprécier le balais des serveurs entre les tables au rythme des interpellations des clients, le tout sur un fond de musique composé du bruits des cuisines et des conversations: une vraie bouffée d'authenticité.




C'est d'ailleurs comment on pourrait qualifier ce bistrot: d'authentique. Que ce soient les serveurs, aimables et professionnels, ou la cuisine, sans prétention mais bonne, tous les ingrédients sont mélangés avec succès pour faire d'un repas là-bas un vrai succès. Les prix sont relativement corrects pour Montréal et personnellement j'ai trouvé que j'en ai eu pour mon argent. Voici quelques photos de ce que nous avons commandé lors de notre passage à l'Express, une adresse que je vous recommande donc vivement!

La carte du bistrot, simple mais efficace.

La mousse de foies de volailles aux pistaches, un délice.

Le sauté de canard confit avec salade, une franche réussite.

Le traditionnel baba au rhum, délicieux (mais plus de rhum n'aurait pas fait de mal).


Tendres confessionnaux du diable..

Il est de ces lieux qui font l'identité d'un pays: salons de thé anglais, fast-foods américains, cyber-cafés coréens, pubs irlandais... et bistrots français. A l'image du Troquet ou encore de Chez Michel, lieux cultes de la scène parisienne, les bistrots peuplent l'imaginaire des touristes étrangers. Souvent alimenté par les abondantes références littéraires d'écrivains tels qu'Émile Zola (L'Assommoir, Germinal...) ou plus récemment Antoine Blondin (Un singe en hiver), cet imaginaire agit souvent comme déclencheur dans le désir de venir goûter à notre fameux art de vivre.

Le bistrot français, c'est donc un peu notre emblème national, aux côtés des béret, baguette, bouteille de rouge et saucisson. Mais ces petits cafés/bars/restaurants ont une portée plus que symbolique: comme l'a si bien dit Frank Bernard dans Les rues de ma vie (2005), "Les restaurants comme les cafés m’ont toujours semblé l’un des éléments essentiels d’une ville. Plus, du moins autant pour ne choquer personne, que musées, églises et monuments en tout genre. C’est ce qui nous permet d’en supporter la tension, les cruautés quotidiennes. Une ville sans bistrots, c’est une ville sans rencontres."

Pour aller plus loin, je pense que ces lieux ont agi comme véritable catalyseur dans notre société assimilatrice. A part la mairie de quartier, quel autre lieu a pu attirer en son sein une telle diversité d'individus au quotidien? Ouvriers désabusés, cadres pressés, français issus de l'immigration ou non, tous ont un jour ou l'autre franchi le perron d'un bistrot, que ce soit pour une bière ou un simple café. Dans la France rurale, les bistrots sont l'un des seuls lieux permettant de tisser un lien social entre les individus suite au retrait progressif de l'État dans les contrées les plus éloignées.

D'où une certaine inquiétude quand j'observe les chiffres sur l'évolution du nombre de bistrots en France: de 510 000 bistrots pour 42 millions de personnes en 1914, ils ne sont plus que 50 000 pour 68 millions aujourd'hui. La faute à quoi? Les campagnes gouvernementales contre l'alcool et le tabac qui se sont traduites dans ces dernières années à des réglementations portant souvent atteinte à la liberté individuelle n'y sont sûrement pas étrangères...

Je vous invite donc à fréquenter (ci ce n'est pas déjà le cas) ces charmants bars, bistroquets et autres guinguettes qui sont des vestiges de notre patrimoine culturel et social. Que sous l'effet de l'éthanol vos langues se délient, que les confidences entre inconnus se multiplient afin de faire honneur à cette citation du cher Gilbert Cesbron ("Les bistrots sont les confessionnaux du diable").