jeudi 3 juin 2010

De la désacralisation du sang du christ...


vs

On le sait, depuis quelque années déjà, deux conceptions antagonistes du vin s'affrontent au niveau mondial: in the blue corner, une conception assez élitiste prônée par la France et in the red corner, une conception très populaire prônée par les pays du nouveau monde (Australie, Nouvelle-Zélande...).

Dans les faits cela se traduit par la production de vins dits "prêt-à-boire" très abordables par les nouveaux pays producteurs qui misent sur des produits simples (souvent des mono-cépages) afin de démocratiser leur consommation. Les vins étant moins complexes, les codes de la dégustation en sont aussi chamboulés et on assiste donc à une vulgarisation du jargon oenologique pour que même un novice puisse savoir comment déguster un vin. Pour ce qui est de la France, tant au niveau de l'identification des produits que de leur assemblage, les vins atteignent un niveau de complexité inégalé: il faut être un fin connaisseur pour pouvoir faire la différence entre les châteaux de la Côte de Beaune et de la Haute Côte de Beaune par exemple. L'art de la dégustation du vin, à la manière de la cérémonie du thé au Japon, demeure très codée et complexe.

Jusqu'à présent, les chiffres donnent raison aux vins du nouveau monde qui, depuis quelques années, rognent des parts de marché aux vins français sur la scène internationale.  En ce qui me concerne, je ne pense pas que l'on devrait opposer ces deux perceptions de ce que devrait être le vin: en effet, derrière ces deux conceptions se cache un même amour pour le produit, il s'exprime seulement différemment. Pour avoir des chances de séduire plus de consommateurs à l'international, le vin français ne doit pas forcément simplifier son élaboration, mais bien son discours. Je dois ici lancer une fleur aux québécois qui ont amorcé ce processus de réflexion: je vous passe les détails quant aux raisons derrière cela, celles-ci étant intimement liées au monopole d'état sur la distribution d'alcool. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui les consommateurs québécois consomment majoritairement du vin français, loin devant les vins australiens par exemple: mais ils ont adopté une position différente en changeant leur attitude face au vin. Ainsi, un grand vin français sera dégusté de la même manière qu'un vin "prêt-à-boire", dans ce soucis de plaisir et non de narcissisme/snobisme.

Afin de rendre ce discours un peu plus concret, je vous conseille d'aller voir deux blogs fait par des québécois que j'affectionne tout particulièrement:

- le premier, Bu sur le web, par Aurélia Fillion, sommelière au Club Chasse et pêche à Montréal. Un blog hyper rafraîchissant avec un super concept ou cette blogueuse présente ses vins coup de coeur sous forme de dégustations vidéos. On sent la passion pour le vin qui anime cette femme et on aime le discours simple et juste employé pour décrire les produits (et bien sûr les vins sélectionnés, de bonnes valeurs sûres!)

-le deuxième, Drink Culture TV, se propose de mettre directement en relation le monde viticole et les consommateurs par l'intermédiaire d'émissions web. Là aussi le dialogue technique est laissé de côté au profit d'un langage simple certes, mais empli d'authenticité. Cette jeune webtv a tout pour réussir et on lui souhaite le meilleur!

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